poésie

Une oie, deux oies, trois oies,
Sur qui ça va tomber ?
Personne n’est volontaire
Chacun préfère se taire
Que d’être six pieds sous terre
Quatr’oies, cinq oies, six oies,
Qui sera le prochain ?
Pas moi je l’espère bien
Au loto de la vie
Personne n’est à l’abri
On ne dit pas sept oies
On ne dit pas c’est toi
On préfère s’en aller
On ne veut plus compter.
Ça sert à quoi une comptine ?
Monsieur Loup
Monsieur Loup, désœuvré, sortit de sa tanière
De fort méchante humeur, il arriva en ville.
Pendant que les cochons, étonnés de l’aubaine
Se gavaient goulûment de marrons et de faînes.
Au lieu de se construire une vraie maison en briques
Ils jouaient à saute-mouton par dessus une barrique
Le loup très affamé s’arrêta dans un bar
Qu’il ne connaissait pas et trouva par hasard
Demanda le menu mais il ne put le lire
N’étant jamais allé à l’école des enfants
Ses grognements de loup ne pouvaient pas suffire
A faire comprendre aux gens ce qu’il voulait vraiment
Le barman étonné d’avoir pour seul client
Ce vieux loup décharné assis sur son séant
Qui le dévorait des yeux et paraissait méchant.
« Méfie toi bien des loups » lui disaient ses parents
Quand il était petit et désobéissant
Si seulement il savait parler loup couramment !
Monsieur loup trouvait le barman appétissant,
Il ne pensait pas se retenir bien longtemps,
Furieux d’avoir raté le petit chaperon
Glissant sur la galette sortie du panier rond
Que la gamine jeta en courant hors du bois
Riant en le voyant étalé de guingois !
Il était la risée des habitants des bois,
Des trois ours qui passaient par hasard juste là
Des sept hommes de petite taille partant pour la mine
Qui s’étaient esclaffés en voyant sa bobine
Jamais il ne pourrait retrouver son honneur
De repenser à ce jour le mit en fureur
Bousculant la table il sauta sur l’homme du bar
Qui avait réfléchi et s’écarta d’un bond
Laissant le vieux loup tomber dans le traquenard
D’une trappe restée ouverte sur la cave aux boissons
Qu’il verrouilla d’un geste emprisonnant le loup
Attendant les chasseurs qui venaient boire un coup.
Moralité : il n’y en a pas.